Comment éduquer un chiot pour qu’il devienne un chien équilibré et sociable ?
Introduction
Au cours de leur première année, la majorité des chiots peuvent présenter un certain nombre de troubles comportementaux directement perçus par leurs propriétaires. Ces problèmes vont généralement de la non‑propreté à des aboiements intempestifs, en passant par des morsures et la destruction par mordillement de mobilier et autres objets de la maison. Concernant ces troubles, mieux vaut prévenir que d’attendre qu’ils guérissent, et l’éducation doit par conséquent commencer dès le premier jour. La façon dont ces troubles seront pris en charge dès leur apparition influencera grandement les résultats. Il existe de nombreux ouvrages traitant de l’éducation du chiot, et ce qui vous est proposé ici ne constitue que des bribes de conseils, que vous pourrez enrichir et partager, sur le comportement à avoir avec un chiot pour en faire un adulte plus adaptable, bien équilibré et obéissant.
II n’est jamais trop tard pour commencer
Leçon N° 1 : L’inhibition de la morsure
On pense à tort que l’éducation d’un chiot ne doit pas, et peut‑être ne peut pas, débuter avant l’age d’un an environ et certainement pas avant qu’il ait reçu toutes ses vaccinations. Comme pour les autres animaux, l’éducation du chiot commence réellement le jour de sa naissance avec de précieuses leçons de vie que lui donne sa mère, comme l’inhibition de la morsure. C’est la technique qui permet d’apprendre au chiot à limiter la force et la fréquence de ses morsures. Par exemple, quand le chiot tète (Figure 1), sa mère grognera ou le retirera de la mamelle si le contact est trop rude ou s’il est douloureux de façon à lui apprendre à être plus doux. Pour q’un chiot puisse devenu un adulte heureux, confiant, obéissant et bien adapté, le propriétaire doit reprendre le rôle de l’éducateur le jour où le chiot quitte sa mère. Ce nouveau parent devra apprendre au chien que le contact de ses dents sur la peau de l’homme est source de douleur, ce que le propriétaire peut lui signifier par un cri ou par la suppression de ce contact afin qu’il comprenne que ce comportement n’est pas autorisé. Les chiens bien socialisés, mais qui n’ont pas acquis l’inhibition de la morsure, sont susceptibles de devenir des adultes incontrôlables puis qu’ils ont tendance à être très sociables mais qu’ils ne maîtrisent pas la puissance de leur morsure. De nombreux articles vantent les mérites de la socialisation des chiots, mais malheureusement l’apprentissage de l’inhibition de la morsure ne fait pas toujours l’objet de la même conviction. De mon point de vue, c’est pourtant la chose la plus importante qu’un propriétaire puisse apprendre à son chiot et qui doit être enseignée dès la première minute où le chiot met les pattes dans la maison.
Leçon N° 2 : La socialisation et la limitation du risque infectieux
Préserver la santé du chiot et limiter tous les risques est une préoccupation majeure. En règle générale, les chiots peuvent accompagner leur nouveau propriétaire dans la plupart des environnements surveillés. Par exemple, je peux emmener mon chiot et le prendre sur mes genoux quand je vais chez le coiffeur ou chez des amis. II est important de ne pas exposer un chiot à des risques environnementaux constitués par un contact avec d’autres chiens potentiellement infectieux. Par exemple, les propriétaires ne doivent pas emmener leurs chiots dans des parcs publics ou dans d’autres endroits à forte concentration canine, où ils courent le risque de contracter une infection. La socialisation est essentielle au développement de la personnalité du chiot. Les animaux, comme les êtres humains, apprennent par leur propre expérience, en associant leurs actions aux conséquences qui s’ensuivent. C’est pourquoi le propriétaire doit s’efforcer d’offrir très tôt le plus possible d’occasions d’apprentissage ayant des conséquences positives, de façon à renforcer les comportements et réactions positifs ou désirables. Ceci contribuera à ce que le chiot apprenne à aborder les gens et les autres animaux avec gentillesse et curiosité plutôt qu’ avec crainte voire agressivité.
Leçon n°3 : L’importance des méthodes éducatives positives
Si l’apprentissage se fait sans violence et sans réaction négative, le chien aura plus facilement tendance à répéter le comportement en question, en particulier si ce comportement est associé à une récompense ou une réaction positive. Ceci constitue la base des méthodes d’éducation par renforcement positif. Par exemple, certaines méthodes éducatives traditionnelles peuvent proposer qu’ un chien soit placé manuellement en position « assise » et maintenu dans cette position, en offrant une récompense à la fin de cette action. Cette technique risque d’engendrer ressentiment et crainte, car le chien associe la position assise à une action négative. Par conséquent, si cet ordre est répété, le chien peut ensuite exprimer de l’agressivité ou un comportement de fuite. Pour apprendre à un chien à s’asseoir par une méthode éducative positive, il faut qu’il décide de lui‑même de prendre cette position ou la lui faire prendre en rusant avec un jouet ou une friandise. Une fois que le chien est en position assise, on peut alors lui dire qu’il est « assis » et le récompenser en introduisant ainsi également le mot associé à cet ordre. Dès lors quand il entendra « assis » le chien ne pourra alors faire dans son esprit que des associations positives. L’application de ce type de méthodes éducatives positives peut débuter dès l’arrivée du chiot dans la maison. Par exemple, lorsque le chiot se précipite sur son maître pour l’accueillir, ce dernier doit simplement prononcer le nom de son chiot et le féliciter ou le récompenser (nourriture). Ceci constitue la base de l’apprentissage du rappel ; apprendre à votre chiot à revenir vers vous quand vous l’appelez.
Leçon n°4 : Ignorer les comportements indésirables
Un chiot n’est pas apte à tout comprendre. La difficulté est de trouver une juste mesure et un moyen efficace de faire comprendre au chiot que son comportement n’est pas acceptable sans pour autant nuire à la relation chiot‑propriétaire. Aussi simple que cela puisse paraître en théorie, la meilleure façon de « punir » un chiot qui se comporte mal est de l’ignorer. C’est une chose que les propriétaires ne trouvent pas toujours facile. Par exemple, face à un chiot qui vous saute dessus, vous pourriez être tenté de le repousser et de lui dire « non ». Dans l’esprit du chien, ce type de réaction va en fait renforcer son comportement car on lui accorde de l’attention. L’ignorer totalement serait une réaction plus appropriée. Restez debout, ne dites RIEN et ne croisez pas son regard.
Pour bien faire avec un chiot qui saute, il faut ignorer complètement cette action (voir ci‑dessus), attendre qu’ il ait les quatre pattes au sol et à ce moment‑là le féliciter ou le récompenser. Cette technique peut également s’appliquer aux aboiements intempestifs par exemple, et à de nombreux autres comportements fréquemment jugés indésirables. Une autre erreur fréquemment commise par les propriétaires est de renforcer involontairement un comportement en ne parvenant pas à l’ignorer. La façon donc souvent les propriétaires réagissent à un comportement craintif de leur chiot en est un bon exemple.
Tous les vétérinaires auront un jour ou l’autre à faire à un chiot craintif et réaliseront alors que la réaction du propriétaire moyen est de calmer, rassurer son chiot, souvent en le portant, en le caressant et en lui parlant. Le message que le chiot perçoit alors est qu’il a été récompensé pour avoir montré une attitude craintive et que peut‑être il avait une bonne raison de s’inquiéter.
II aurait été plus approprié de la part du propriétaire d’ignorer le chiot jusqu’à ce que sa crainte s’atténue et qu’il se montre plus confiant (ex. cessation des tremblements, redressement de la queue et tentatives d’exploration de l’environnement), moment auquel il l’aura alors récompensé. Ignorer son chiot lorsqu’il a des comportements indésirables est peut‑être la chose la plus difficile qu’un propriétaire puisse s’entraîner à faire, mais avec du temps et de la persévérance cela marchera !!
Leçon N° 5 : Les conseils de manipulation
Il est clair qu’il serait intéressant pour le vétérinaire que tous les chiens de sa clientèle soient habitués à être manipulés et examinés de près imaginez comme votre travail serait facilité si tous les chiens ayant un épillet entre les doigts vous tendaient spontanément la patte pour que vous l’examiniez ! je pense sincèrement que ceci peut et devrait être l’objectif de tout propriétaire. Cet objectif est en effet réalisable et il est important de l’encourager. Tout nouveau propriétaire devrait régulièrement « examiner » et manipuler les différentes parties du corps de son animal, y compris les pattes, la queue, les oreilles, les yeux, la gueule et les extrémités, en commençant le plus tôt possible après l’acquisition de ce dernier.
Si le propriétaire le fait de manière positive (récompense) lorsque l’animal est en bonne santé, ce dernier devrait attendre avec impatience ces séances de manipulation et montrer de lui-même les zones qui doivent être examinées comme et quand on lui demande. De même, le toilettage, la coupe des griffes, le bain et le brossage de dents doivent être abordés de façon similaire, et le plus tôt possible en y associant toujours une récompense positive. Si pour réaliser un de ces soins le propriétaire commence à devoir se battre, il faudra lui conseiller d’arrêter et de recommencer immédiatement l’entraînement en remplaçant l’association négative rattachée à ce soin par une autre association plus positive.
Leçon N° 6 : À la maison comme à l’extérieur de la constance
Si on apprend à un enfant à se servir d’un couteau et d’une fourchette en Angleterre, il saura ensuite se servir d’un couteau et d’une fourchette que ce soit au restaurant ou en France, en Australie ou en Amérique. Les chiens, eux, ne sont pas capables de généraliser les apprentissages, et dans leur esprit, un comportement enseigné à la maison ne sera donc pas obligatoirement celui qui sera réclamé ailleurs, par exemple au parc ou chez quelqu’un d’autre ! Combien de fois avez‑vous déjà entendu, « Je ne sais pas pourquoi il fait ça, il ne le fait jamais à la maison ! » Pour qu’un chiot se comporte toujours de la même manière dans un grand nombre d’endroits et d’environnements différents, son propriétaire doit l’éduquer toujours de la même façon. Lorsque le propriétaire emmène son chiot dans un nouvel environnement, il est de son devoir de lui apprendre ce qu’il convient de faire dans cet environnement en utilisant les méthodes d’éducation par renforcement positif décrit précédemment Et il va sans dire que TOUTES les personnes qui sont en relation avec le chiot doivent le traiter toujours de la même manière .
Leçon N° 7 : L’acceptation des moments de solitude
Pour un propriétaire, apprendre à son chiot que rester seul n’est pas une punition, c’est peut être l’une des meilleures façons de contribuer à son équilibre et à son bien être ultérieur. Tout le monde a sa petite anecdote à raconter à propos de l’anxiété de séparation, mais la mise en place précoce de quelques mesures simples peut aider à prévenir ce trouble comportemental fréquent. Un nouveau chiot est toujours le centre d’intérêt de la maisonnée, mais il doit pouvoir disposer d’un » espace personnel « . Les caisses d’intérieur sont de plus en plus utilisées pour offrir au chiot un coin à lui où il puisse se réfugier. II est important que cet espace personnel lui soit présenté comme un refuge et non comme une punition. Dans cet espace personnel, le chien pourra recevoir nourriture et eau, disposer d’un coussin/couverture pour dormir et de quelques‑uns de ses jouets préférés. Dans la journée, le propriétaire pourra régulièrement mettre le chiot dans sa caisse et même le laisser toute la nuit, à condition que le propriétaire garde une attitude calme et non » surexcitée » lorsqu’il l’y met ou l’en sort. Un tel comportement de la part du propriétaire n’aurait pour seule conséquence que de rendre le chiot anxieux. Pour augmenter le bien‑être du chiot dans sa caisse (ou tout autre espace personnel) et y renforcer positivement les comportements désirables, le propriétaire peut avoir envie de lui faire plaisir en y apportant des jouets ou des os à mâcher*. Ceci permettra au chiot de s’y poser tranquillement, en mâchonnant un objet adapté et en profitant agréablement de ce moment de solitude.
Conclusion
J’espère que ces techniques d’éducation vous auront un peu éclairé sur la meilleure façon de conseiller les propriétaires concernant la manière dont ils doivent agir avec leurs chiots (et chiens adultes) pour en faire des animaux plus désirables. Mon expression favorite est « si tu continues à faire ce que tu as toujours fait, tu n’obtiendras jamais que ce que tu as toujours obtenu » ; par conséquent, si un propriétaire rencontre des problèmes avec son chiot ou son chien, vous pourrez être tenté de lui conseiller de modifier d’abord son propre comportement. Modification comportementale pour l’animal ou pour l’homme ? Je vous laisse décider !
* la mastication est un comportement naturel du chiot, et si vous ne lui apportez pas un jouet approprié, il se chargera d’en trouver un dans sa caisse ou ailleurs